The debate around Alice Guy’s first film continues
WFPP readers may be interested in a review of the recent edition of Alice Guy’s memoirs by Yannick Lemarié in Positif, no.741, November 2022, p.75. It is republished here in French with a rough translation provided by Stephen Bottomore for the Domitor listserv:
La Fée-Cinéma : autobiographie d’une pionnière (Gallimard, Paris, 2022).
Les Mémoires d’Alice Guy que les éditions Gallimard proposent sous le titre La Fée-Cinéma, autobiographie d’une pionnière sont la reprise, à quelques détails et documents iconographiques près, de l’ouvrage paru en 1976 chez Denoël. On y retrouve les étapes de la vie de la cinéaste de son enfance à sou installation zuix États-Unis, en passant par son ascension au sein de la maison Gaumont. Rien de nouveau donc de ce point de vue.
L’intérêt de ce volume réside plutôt dans les nouvelles préfaces rédigées par Céline Sciamma, Nathalie Masduraud et Valérie Urrea ainsi que dans les orientations de lecture résolument féministe qui y sont suggérées. Céline Sciamma s’attache d’abord à expliquer pourquoi Alice Guy a raconté un pan important de sa vie ; elle insiste à la fois sur le rôle de l’archive dans la perpétuation de son œuvre et sur le comportement du mari dans « la mort de l’artiste ». Elle souligne surtout combien ce témoignage importe, non seulement pour la reconnaissance d’une réalisatrice longtemps oubliée, mais aussi pour la formation intellectuelle de jeunes lectrices qui trouvent la le récit d’un accomplissement que les romans, par exemple, peinent à leur proposer. Car, pour Sciamma, l’affaire est claire: Alice Guy a été efficée de l’histoire du cinéma car elle était une femme et que le naturalisme de son art entrait « en conflit avec la grande entreprise de performance des genres choisie par l’industrie ». La réhabiliter, c’est donc lui rendre la place qui lui revient, l’inscrire dans un mouvement féministe et, enfin, construire une image de femme qui reste encore aujourd’hui défaillante. Le second texte prolonge le premier, mais malheureusement en entretenant une fiction: celle d’un premier film « aujourd’hui introuvable », celle d’une cinéaste jetée aux oubliettes ! Or, La Fée aux choux est tout à fait visible, et la maison Gaumont s’est elle-même chargée de sa promotion ; quant à Alice Guy, il est trop facile d’écrire que « personne ne l’écoute », que « personne ne la croit »… Les études se sont multipliées ces dernières années, et peu de cinéastes des premiers temps ont été l’objet d’autant d’attention. Quant au « Alice je te crois » qui conclut le texte des deux autrices, il pose problème: si l’expression se défend dans un cadre judiciaire, quand il s’agit de rééquilibrer la parole de la victime face à son bourreau, elle devient beaucoup plus contestable dans le cadre de la recherche académique. « Je te crois » revient à ne plus accorder aucune valeur scientifique au texte. N’est-ce pas, au nom d’un combat juste, emprunter une voie périlleuse ? Yannick Lemarié
Rough translation
The memoirs of Alice Guy that Gallimard has published under the title ‘La Fée-Cinéma : autobiographie d’une pionnière’ are the reissue, with a few variant details and illustrations, of the book published in 1976 by Denoël. In it we find an account of the life of the filmmaker from her childhood to her arrival in the United States, through her ascent within the Gaumont company. Nothing new from this point of view.
The interest of this volume resides rather in the new prefaces written by Céline Sciamma, Nathalie Masduraud and Valérie Urrea as well as in the resolutely feminist interpretations which are suggested there. Céline Sciamma first sets out to explain why Alice Guy recounted a major part of her life; she concentrates both on the role of the archive in the perpetuation of her work and on the behavior of the husband in “the death of the artist”. Above all, she underlines how important this testimony is, not only for the recognition of a long-forgotten director, but also for the intellectual development of young readers, who see therein the story of an achievement that novels, for example, fail to offer them. Because, for Sciamma, the case is clear: Alice Guy was erased from the history of cinema because she was a woman, and the naturalism of her art came “in conflict with the great influence of gender roles set by the industry”. Rehabilitating her therefore means giving her back her rightful place, including her in a feminist movement and, finally, building an image of women that is lacking even today. The second text develops the first, but unfortunately by maintaining a fiction: that of a first film “missing to this day”, and of a filmmaker thrown into the void! However, ‘La Fée aux choux’ is quite visible, and the Gaumont company is itself distributing it; as for Alice Guy herself, it is too easy to write that “nobody listens to her”, that “nobody believes her”… Works about her have proliferated in recent years; few early filmmakers have been the object of so much attention. As for the “Alice, I believe you” which concludes the text of the two authors, it poses a problem: the expression might be justified in a legal context, when it is a question of rebalancing the word of the victim vis-a-vis her killer, but it becomes much more questionable in the context of academic research. “I believe you” amounts to no longer granting any scientific value to a text. Is that not, in the name of a fair debate, to take a perilous path? Yannick Lemarié